Nous voilà enfin débarrassés de tous ces amateurs

Message Bookmarked
Bookmark Removed
Not all messages are displayed: show all messages (439 of them)

Oui, félicitations!

Feel a million filaments (Sund4r), Thursday, 30 July 2020 22:30 (three years ago) link

Merci à tous !

Joey Corona (Euler), Friday, 31 July 2020 09:33 (three years ago) link

je déteste l'été

Joey Corona (Euler), Friday, 7 August 2020 14:31 (three years ago) link

Tu sais ce que je pense de ton opinion. :)

Le seul été que je déteste, c'est l'été britannique, parce qu'il n'y en a pas. On a tous besoin d'un peu de Dionysos dans nos vies.

pomenitul, Friday, 7 August 2020 14:39 (three years ago) link

Il y a quelques semaines il faisait affreusement chaud. Avec seulement un petit climatiseur portatif, on a vraiment eu de la misère mais maintenant, il fait un peu frais et c'est magnifique! Cela dit, j'aime l'été pour la plupart (un peu moins lorsqu'on est en quarantaine). J'apprécie qu'on a quatre saisons distinctes ici.

magnet of the elk park (Sund4r), Friday, 7 August 2020 18:41 (three years ago) link

Si on a besoin de lire Camus dans la police Comic Sans: http://classiques.uqac.ca/classiques/camus_albert/etranger/camus_etranger.pdf

magnet of the elk park (Sund4r), Sunday, 9 August 2020 02:21 (three years ago) link

Pas sûr qu'on puisse faire confiance à la caste militaire, mais Keïta n'était pas très apprécié de la population.

pomenitul, Wednesday, 19 August 2020 19:20 (three years ago) link

En règle générale, je pense qu'on ne puisse pas faire confiance à la caste militaire dans des telles situations, mais j'avoue que je suis loin d'être un expert sur Mali (à part d'aimer la musique de Tinariwen et Ali Farka Touré). Ce que j'ai compris, c'est que le gouvernement n'était plus populaire mais qu'il était encore démocratique, et aussi qu'il me semble que les conflits avec les djihadistes seraient difficile à gérer pour n'importe quel gouvernement? Je ne suis même pas sûr s'il y a un leader qui les putschistes veulent comme remplacement. Y en a-t-il?

The nexus of the crisis and the origin of storms (Sund4r), Wednesday, 19 August 2020 20:28 (three years ago) link

*ne pourrait pas

The nexus of the crisis and the origin of storms (Sund4r), Wednesday, 19 August 2020 20:28 (three years ago) link

Au cas où vous auriez loupé ce sublime exemple de choc des cultures :

https://www.lesoleil.com/arts/une-actrice-de-brooklyn-nine-nine-fustige-la-production-quebecoise-f52fe71a9575eae94cc26f7ec4c72210

pomenitul, Saturday, 22 August 2020 13:49 (three years ago) link

Qu'en penses-tu?

The nexus of the crisis and the origin of storms (Sund4r), Sunday, 23 August 2020 04:24 (three years ago) link

Je crois que nous avons affaire ici à deux problématiques qui certes se recoupent, mais qui sont néanmoins distinctes et qui gagneraient à être abordées comme telles. D'une part, il y a la question de la représentation filmique et théâtrale, qui touche à celle de l'identité de l'acteur lorsqu'il monte sur scène ou se livre à l’œil de la caméra. De l'autre, il y a un souci éthique : comment s'assurer que les « communautés culturelles » et les minorités dites « visibles » bénéficient d'un accès équitable au marché du travail (au milieu si souvent verrouillé de la culture québécoise, en l'occurrence) ?

Dans la mesure où ces deux problématiques renvoient à la question de la représentativité au sens large du terme, il est tentant de les amalgamer en proposant, par exemple, que l'on embauche davantage de minorités visibles pour incarner des rôles correspondant à l'identité qu'on leur assigne au quotidien (une actrice d'origine arabe jouant un personnage arabe, un acteur d'origine antillaise retenu pour un rôle d'immigrant antillais, etc.). L'identité incarnée sur scène ou sur grand écran est alors perçue comme étant « légitime » car elle redouble l'assignation sociale à laquelle nous sommes accoutumés dans la vie de tous les jours. Or dans un contexte filmique et/ou théâtral, cela est pour le moins critiquable, puisqu'il s'agit d'espaces où la question de l'identité est très précisément cela : une question, un mouvement, un déplacement, faisant toujours signe vers la possibilité de devenir (voire d'« être ») autre. Dans cette perspective précise, donc, je suis farouchement opposé aux arguments de l'actrice américaine ayant demandé que son homologue québécoise soit, elle aussi, d'origine latino-américaine. (Dans le cas, autrement plus scandaleux, du spectacle Slav, il y avait de bonnes raisons de se méfier des arguments de Robert Lepage – les considérations esthétiques doivent alors et de toute évidence céder le pas à l'éthique –, mais je ne pense pas qu'Escouade 9 s'avance sur un terrain aussi miné.)

Cela ne signifie pas pour autant que le champ culturel québécois soit exempt de tout reproche. Bien au contraire, il est lui-même en proie à un identitarisme « pure laine » d'autant plus pernicieux qu'il ne dit presque jamais son nom et qu'il se cache derrière des valeurs prétendument universelles, empruntées à la France et à sa tradition assimilationniste. Il est donc parfaitement juste d'étriller la scène culturelle québécoise pour son manque d'ouverture aux minorités visibles (et audibles, ai-je envie de dire), à condition de ne pas le faire au nom d'une conception esthétique elle-même identitariste, empruntée aux États-Unis, qui me semble extrêmement aliénante au bout du compte du fait de sa rigidité, pour ne rien dire de son manque de pertinence pour le contexte qui est le nôtre.

Il y aurait bien d'autres choses à dire (sur le Québec bashing, notamment, et le repli sur soi qui en découle), mais je m'arrêterai là.

pomenitul, Monday, 24 August 2020 14:20 (three years ago) link

Je ne connais pas vraiment cette émission (ou, à dire vrai, Slav) mais, en principe, tes commentaires me semblent corrects et bien conçus.

The nexus of the crisis and the origin of storms (Sund4r), Tuesday, 25 August 2020 03:49 (three years ago) link

Les voisins de Mali accepteront un gouvernement transitionnel pour une durée maximale de 12 mois: https://www.bbc.com/afrique/region-53929295

The nexus of the crisis and the origin of storms (Sund4r), Friday, 28 August 2020 04:24 (three years ago) link

Je suis allé au Gatineau (Québec) ce matin pour la première fois depuis la quarantaine.

The nexus of the crisis and the origin of storms (Sund4r), Sunday, 6 September 2020 23:52 (three years ago) link

T'as bien fait, parce que la deuxième vague vient tout juste de commencer. Les petites virées se feront de plus en plus rares dans les mois à venir.

pomenitul, Monday, 7 September 2020 20:21 (three years ago) link

Oui, tu as raison. À moins de 24h après la rentrée, il y avait 5 cas dans les écoles catholiques francophones: https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1732021/coronavirus-college-franco-ouest-ottawa-cecce-rentree-secondaire

The nexus of the crisis and the origin of storms (Sund4r), Wednesday, 9 September 2020 00:19 (three years ago) link

« Il est vrai, en tout cas, que le mécontentement ne cessait de grandir, que nos autorités avaient craint le pire et envisagé sérieusement les mesures à prendre dans le cas où cette population, maintenue sous le fléau, se serait portée à la révolte. »

- Camus, La peste.

The nexus of the crisis and the origin of storms (Sund4r), Wednesday, 16 September 2020 02:02 (three years ago) link

Tiens, encore une contribution à l'âpre débat autour de l'importance de savoir distinguer entre l'art et l'artiste, cette fois chez un des plus célèbres représentants de l'autofiction, courant littéraire (archi-français) qui se donne justement pour but de troubler cette distinction :

https://www.vanityfair.fr/culture/voir-lire/articles/droit-de-reponse-helene-devynck-l-ex-compagne-demmanuel-carrere-repond-a-la-polemique-autour-de-yoga/81120

J'y joins cet essai dithyrambique sur le roman en question :

https://larepubliquedeslivres.com/hauts-et-bas-dun-yoguiste-en-etat-limite/

pomenitul, Wednesday, 30 September 2020 18:54 (three years ago) link

Je ne connais pas l'écrivain mais j'ai lu le premier article - c'est une situation intéressante, bien sûr. Je lirai le deuxième.

The nexus of the crisis and the origin of storms (Sund4r), Saturday, 3 October 2020 02:19 (three years ago) link

two weeks pass...

Article instructif sur les mutations générationnelles en cours :

https://www.marianne.net/societe/education/liberte-dexpression-a-lecole-pour-mes-eleves-charlie-hebdo-cest-lextreme-droite

pomenitul, Monday, 19 October 2020 15:40 (three years ago) link

Quelle horreur.

« Leur grand argument, c’est le prétendu double standard qu’ils présentent en comparant des choses incomparables, détaille-t-il. Par exemple, ils ne comprennent pas que la critique du prophète des musulmans puisse être autorisée alors que douter de la Shoah ne l’est pas… Pour beaucoup, Charlie est le symbole de ce qu’ils voient comme une persécution des musulmans et qu’ils nomment “islamophobie”. » Il précise : « Ils ont une vision politique très confuse. Pour eux, Charlie, c’est l’extrême droite. Alors, pour lutter contre eux, tous les moyens sont légitimes. L’insulte comme la violence. Les reprendre sur cette question-là, c’est se ranger du côté des “racistes”. »

All cars are bad (Euler), Monday, 19 October 2020 15:57 (three years ago) link

Oui, c'est le paragraphe qui m'a le plus fait tiquer. De manière générale, je crois qu'on se dirige de plus en plus vers une polarisation et donc une simplification du débat, ce qui me semble carrément désastreux dans la mesure où le sujet est d'une complexité redoutable. J'avoue que cette question est devenue un peu lassante à force d'être ressassée dans la sphère publique depuis des années – au Québec aussi, d'ailleurs –, donc j'aime mieux ne pas intervenir. De manière générale, cependant, je suis pour le droit au « blasphème » tout en étant d'avis que l'intégration « à la française », c'est-à-dire la position assimilationniste dure, est en grande partie responsable du bourbier dans lequel une bonne partie du monde francophone est plongé à l'heure actuelle. Je crois que cette approche ne marche tout simplement pas, tout comme je pense qu'il existe des nuances entre la France et ce que prône généralement la gauche identitaire américaine.

pomenitul, Monday, 19 October 2020 16:06 (three years ago) link

Je suis d'accord que « la position assimilationniste dure » à des mauvaises conséquences pour le monde francophone. Mais encore, je pense que les valeurs sous-tendant cette position sont bonnes. C'est une conséquence de la gestion catastrophique des colonies, et de la colonisation elle-même. Mais je ne pense pas qu'il faille accepter les valuers américaines, qui ont aussi des conséquences pourries. Évidemment je n'ai pas la solution !

All cars are bad (Euler), Monday, 19 October 2020 16:33 (three years ago) link

Moi non plus, sincèrement, mais je pense que la France gagnerait à s'ouvrir davantage à la reconnaissance des racines de sa population immigrante, car c'est un pays multiculturel de facto et le fait de nier cette réalité exacerbe le problème, qui en est aussi un de communication, puisque le malentendu perdure depuis des décennies. Et je ne suis pas persuadé que le fait de doubler la mise assimilationniste, comme Macron s'apprête à le faire, portera ses fruits sur le long terme.

Pour ce qui est des États-Unis, je suis bien d'accord que des communautés atomisées qui ne communiquent que pour faire des affaires sous l'œil bienveillant du marché libre ne sont pas souhaitables non plus. Il faut une troisième voie.

pomenitul, Monday, 19 October 2020 17:07 (three years ago) link

Je voulais dire « atomisées » au sens où les communautés seraient elles-mêmes des atomes indivisibles ou des monades.

pomenitul, Monday, 19 October 2020 17:11 (three years ago) link

Oui, nous sommes d'accord quant à l'atomisation de la vie anglo-américaine, ou bien au niveau individuel ou bien au niveau communautaire. Je crois que la France pose un monde alternatif, où les communautés s'intègrent. Mois, je suis immigrant en France mais aussi fils d'un immigrant aux États-Unis, et mon père est le sujet de discrimination toujours, au point d'être licencié pour des raisons racistes par un chef racist. La plupart des amis de mes enfants sont aussi des immigrants de l'Afrique, du Maghreb et de la partie subsaharienne ; c'est mon quartier. Avant d'habiter à Paris on habitait en grande couronne et le collège de mon fils est, pour la plupart, des étudiants de l'outre-mer. Vraiment la discrimination en France me semble moins qu'aux États-Unis. Pourquoi pas abandonner les engagements séparatistes et essayer de joindre la communauté française ? Mais je ne sais pas ; je suis imparfait, quasi-aveugle, c'est juste mes histoires qui me mènent à cette vision inclusiviste (et oui, je comprends les dimensions religieuses de ce terme).

All cars are bad (Euler), Monday, 19 October 2020 17:24 (three years ago) link

Je suis d'accord que le racisme est moins omniprésent et (surtout) moins meurtrier en France qu'aux États-Unis, mais j'ai aussi le sentiment (et je dis ça en tant que Canadien) que les Français se servent parfois de ce contre-exemple pour éviter de s'interroger sur le bien-fondé de leur politique en matière d'intégration. Après tout, il existe d'autres déclinaisons du multiculturalisme, ne serait-ce qu'outre-Manche (où il y a tout un tas d'autres soucis dont il faut tenir compte, cependant – sur le plan du logement et des aides sociales, notamment, pour ne rien dire du Brexit et d'un héritage colonial qui continue, lui aussi, de faire des ravages, quoique pas de la même manière) et il m'est souvent arrivé de rencontrer des Maghrébins qui ont exprès choisi d'émigrer au Québec parce qu'ils ont envie de pouvoir vivre à la fois en arabe et en français sans être tourmentés par les conflits inter-ethniques qui rythment la vie hexagonale depuis des décennies. Bien entendu, le Québec est loin d'être une terre qui accueillie ses immigrants sans faire de discrimination (et les musulmans sont particulièrement ciblés depuis quelques années), mais c'est là une autre paire de manches… Il n'y a pas de modèle parfait, c'est certain.

pomenitul, Monday, 19 October 2020 17:49 (three years ago) link

Merci. Moi, je ne comprends pas le désir de vivre à la fois en deux cultures : nous sommes américains en France mais nous n'avons pas des amis américains ici : on a choisi notre vie française savant que la vie ici est différente. Pourquoi immigrer à un pays qui ne partage pas votre « vision » de vie ? Le rôle de colonialisme est essentiel pour les Maghrébins et les gens de l'ouest-Afrique, et ils sont vraiment français : mais l'intégration sera plus difficile pour les autres groupes---pas forcement à cause de la discrimination, mais parce que les normes françaises sont particulières. Pourquoi faut-il changer ces normes pour ces communautés ?

All cars are bad (Euler), Monday, 19 October 2020 18:52 (three years ago) link

Il y a plusieurs manières de vivre sa francité. Idem pour l'américanité, ou toute autre « -ité » : il ne saurait y avoir de culture absolument homogène et insécable, n'en déplaise aux fachos. Si Marine Le Pen n'avait pas les Français d'origine arabe ou les Gitans sous la main, elle se déchaînerait sur les Corses ou que sais-je : le Tout est toujours travaillé par la différence, de l'intérieur aussi bien que de l'extérieur. Moi-même je n'ai pas d'amis roumains, parce que je ne m'entends généralement pas avec mes « compatriotes » et, à tout prendre, je suis plus canadien que roumain, mais je suis aussi québécois et un peu français de par mon accent (et mon épouse ;)), tout en n'étant aucune de ces choses, et cela est en perpétuel mouvement. Mon cas est un peu singulier, mais je crois que tout le monde vit cela jusqu'à un certain point et je préfère, pour ma part, l'admettre et l'assumer.

Pour les Français d'origine maghrébine, cela est plus difficile. Pas toujours, mais fréquemment. En particulier pour les Français d'origine algérienne, qui trop souvent – et à juste titre – se sentent rejetés non seulement par les Français « de souche » mais aussi par les « cousins » du bled. Ils ne parlent généralement pas l'arabe et n'ont qu'une compréhension sommaire de l'histoire de leurs ancêtres, mais ils ne sont pas pleinement intégrés à la République non plus et ils sentent bien, parqués comme ils le sont dans des banlieues déliquescentes, qu'ils n'y sont pas tout à fait les bienvenus. Cela engendre une sorte de schize sur le plan psychique, un ressentiment qui en fait des proies faciles pour les imams revanchards et pour la propagande rigoriste qui se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, notamment celle financée par l'Arabie saoudite. Le fantasme d'un retour aux racines par l'entremise de l'Islam leur donne le sentiment d'avoir une destinée collective ; cela leur permet de retrouver un semblant de fierté. Mieux, cela s'étend à ceux qui les côtoient et qui peuvent s'approprier ce projet à leur tour (d'où l'auteur de l'attentat de vendredi, d'origine tchétchène). À mon avis, cette démarche idéologique sectaire rappelle à certains égards les premières mafias italiennes, qui se sont greffées sur des zones de non-droit. Voilà pourquoi on évoque parfois « les territoires perdus de la République », d'où mon impression que c'est l'État français qui est coupable dans cette histoire, d'abord et avant tout, sans toutefois être le seul. Macron l'a même reconnu, en préconisant son habituelle approche bifide – le fameux « en même temps » –, dans un discours qu'il a récemment prononcé à ce sujet.

Faut-il, dès lors, changer les normes françaises pour accommoder ces communautés ? On a longtemps parlé d'« accommodements raisonnables » ici au Québec et cet exercice, qui a suscité la controverse, a bien évidemment ses limites. Mais il a au moins le mérite d'être diplomatique et de miser sur le dialogue. Pour le dire en toute franchise, je ne pense pas qu'il faille tout accepter : que l'on en vienne au point où la communauté s'estime autorisée à se faire justice elle-même face aux incursions des « infidèles » est absolument inadmissible. Mais pour que la laïcité ait un sens, il faut échanger avec les minorités de la République – souvent racisées, souvent issues des anciennes colonies, et cette confusion, parfois savamment entretenue, est loin d'être anodine – d'égal à égal plutôt qu'avec condescendance et donc essayer de comprendre comment en on est arrivés là : pourquoi l'islam prend-il autant de place en France à l'heure actuelle et comment faut-il interpréter ce phénomène ? J'ai essayé de donner quelques éléments de réponse, mais il y a des spécialistes qui ont consacré leurs recherches à ces questions et qui, à l'image des sociologues qui travaillent sur la situation dans les banlieues, ne sont pas vraiment pris au sérieux par la caste politique.

Par exemple, je ne suis pas très porté sur la psychanalyse, mais j'ai beaucoup apprécié ce que j'ai pu lire de Fethi Benslama sur le concept de « surmusulman » (d'après Nietzsche), tout comme j'ai énormément de respect pour le très regretté Abdelwahab Meddeb, qui s'est longuement attardé là-dessus dans la foulée des attentats du 11 septembre, notamment dans son ouvrage La maladie de l'islam (2002). Il faudrait d'ailleurs que j'élargisse cette liste, mais le temps libre n'est que rarement au rendez-vous, ce qui est en soi un problème, car comme je le disais tout à l'heure, il faut méditer ces questions longuement – c'est un véritable nid de vipères.

pomenitul, Monday, 19 October 2020 20:44 (three years ago) link

merci pomentul. je lirai ta réponse (qui me semble très intéressant) en deux jours : demain j'ai deux cours et mercredi deux colloques dont je suis l'intervenant, donc je n'ai pas le temps ce soir pour continuer cette discussion précieuse (au moins pour moi). mais à bientôt !

All cars are bad (Euler), Monday, 19 October 2020 21:00 (three years ago) link

Prends ton temps – c'est un peu ça aussi que je dis dans mon message. :) Et bon courage !

pomenitul, Monday, 19 October 2020 21:02 (three years ago) link

Pour les ramener à la raison et engager une autre discussion, le professeur Jorda dégaine une vidéo de drapeaux français brûlés au Pakistan en septembre 2020 en réaction à la republication des caricatures par l’hebdomadaire, pour leur montrer « où l’intolérance peut mener ». « Je pensais les faire réfléchir, mais la plupart des élèves se sont levés et ont applaudi. » Stupeur.

Je ne suis pas sûr que je comprends ceci. Est-ce qu'il voulait leur montrer les résultats de l'intolérance religieuse de Charlie Hebdo ou l'intolérance des Pakistanais? On pourrait dire que les Pakistanais exprimaient leurs opinions controversés avec leur liberté d'expression, n'est-ce pas?

I guess I'd be lonesome (Sund4r), Thursday, 22 October 2020 17:43 (three years ago) link

*controversées

I guess I'd be lonesome (Sund4r), Thursday, 22 October 2020 17:45 (three years ago) link

Comme tu le sais, je ne suis pas un amateur de la laïcité francophone, ni de la gauche identitaire anglophone actuelle. Je ne pense pas qu'une troisième voie est impossible, qu'on peut accommoder l'expression religieuse et aussi maintenir la liberté d'expression - pour moi, c'est la même chose.

I guess I'd be lonesome (Sund4r), Thursday, 22 October 2020 19:03 (three years ago) link

Est-ce qu'il voulait leur montrer les résultats de l'intolérance religieuse de Charlie Hebdo ou l'intolérance des Pakistanais?

Celle des Pakistanais. J'imagine que l'argument sous-jacent est un truc du genre « vous ne voudriez pas vivre au Pakistan, tout de même ! »

pomenitul, Thursday, 22 October 2020 20:34 (three years ago) link

merci encore pomenitul. finalement j'ai un peu de temps pour répondre.

ils le sont dans des banlieues déliquescentes...c'est l'État français qui est coupable dans cette histoire

C'est essentiel. En France il y a des grands programmes sociaux, dont je suis un bénéficiaire, avec CAF et un logement social. Mais on n'a pas la liberté de choisir son HLM : et l'état, même s'il cherche une certain « mixité », a construit la plupart dans les quartiers déjà défavorisés. Par conséquent, les nouveaux arrivés du Maghreb, par exemple, qui n'ont pas l'argent, se trouvent dans ces quartiers. En constituant la majorité, l'état a crée ces quartiers communautaires en acte. Mais personne riche, ni les gauches ni les droites, s'en foutent---ni Hidalgo ni Macron.

All cars are bad (Euler), Tuesday, 27 October 2020 13:20 (three years ago) link

four weeks pass...

Article qui résume bien l’état de plus en plus lamentable de la langue française au Québec et tout particulièrement à Montréal :

https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2020-11-27/langue-francaise-au-collegial/la-pointe-de-l-iceberg.php

pomenitul, Friday, 27 November 2020 15:17 (three years ago) link

Est-ce vraiment un véritable phénomène, ceci?:

Et la conséquence de cette mise en concurrence, ce sera le développement d’un « parler bilingue », d’un « penser bilingue », qui feront que plusieurs n’auront plus de langue première, seulement deux langues secondes, dont aucune ne sera maîtrisée à un niveau suffisant pour produire une pensée riche et claire (c’est déjà le cas de bien des gens, hélas).

actually-very-convincing (Sund4r), Friday, 27 November 2020 17:25 (three years ago) link

C'est intéressant qu'en même temps, les écoles francophones (pas juste l'immersion française) deviennent de plus en plus populaires en Ontario, certainement à Ottawa: https://www.acepo.org/en/french-language-public-school-boards/. La plupart de mes élèves anglophones qui viennent des familles bourgeoises vont probablement aux écoles francophones maintenant, ce qui était tellement rare quand j'étais un ado dans les années 90.

actually-very-convincing (Sund4r), Friday, 27 November 2020 17:31 (three years ago) link

Oui, tout à fait, l’alternance codique est très répandue à Montréal, ce qui n’a rien d’étonnant dans la mesure où c’est de loin la ville la plus bilingue du pays. Cet équilibre relatif (et je suis gentil...) est toutefois en train de basculer au profit de l’anglais. Je ne pense pas que le français soit carrément voué à disparaître, mais il y a un deux poids, deux mesures assez évident : les francophones ont infiniment plus de chances d’être bilingues que les anglophones, qui ne prennent que trop rarement la peine d’apprendre le français ou qui font semblant de le maîtriser pour se donner bonne conscience. Et il est très difficile d’avoir une conversation productive à ce sujet sans sombrer dans les pires poncifs (la paranoïa du vaincu, le mépris du vainqueur).

En ce qui me concerne, je suis d’avis que le protectionnisme linguistique est une bonne chose dans ce cas précis. L’anglais s’apprend de toute façon sur le tas quand on vit à Montréal – il est partout autour de nous, que ça nous plaise ou non. Sans parler du fait que j’ai connu (et je connais encore) tellement d’anglophones éduqués qui refusent d’intégrer ne serait-ce que la plus banale des phrases en français alors qu’ils sont nés à Montréal ou qu’ils y ont vécu pendant une partie non négligeable de leur vie. C’est toujours ma femme qui doit faire des efforts pour parler en anglais avec eux, il n’y a aucune symétrie, aucune réciprocité et je peux te dire qu’à la longue ça finit par devenir vexant ! Tu vis dans un contexte (Ottawa) qui est statistiquement moins francophone que le nôtre et cela ne t’empêche pas de pratiquer le bilinguisme de manière active, donc c’est bien la preuve que ces anglo-Montréalais n’ont aucune excuse digne de ce nom, d’autant plus que les gens ici apprécient énormément le simple fait d’essayer – nul besoin d’être Kim Thúy ! –, ce que la plupart ne font même pas...

xp

pomenitul, Friday, 27 November 2020 23:09 (three years ago) link

Ah, oui, j'ai souvent entendu cette alternance codique, et je suis d'accord que les anglo-Montréalais qui ne parlent point de français sont un peu ridicules. Mais est-ce vrai qu'il y a des Montréalais bilingues qui ne peuvent pas « produire une pensée riche et claire » à cause de leur bilinguisme? Il y a plusieurs régions dans le monde où les gens parlent des langues mixtes ou des langues créoles - ils sont quand même sûrement capables de bien penser, même de réfléchir profondément! Mes parents parlent souvent une mélange d'anglais, tamoul et malayalam.

Quel genre de mesures est-ce que tu appuierais comme protectionnisme linguistique? Mon impression était que hors Montréal, le français est encore véritablement dominant au Québec?

actually-very-convincing (Sund4r), Saturday, 28 November 2020 05:13 (three years ago) link

Je dois dire que ceci me semble vraiment exaspérant!:

C’est toujours ma femme qui doit faire des efforts pour parler en anglais avec eux, il n’y a aucune symétrie, aucune réciprocité et je peux te dire qu’à la longue ça finit par devenir vexant !

actually-very-convincing (Sund4r), Saturday, 28 November 2020 05:36 (three years ago) link

C’est une analyse un peu courte, je te l’accorde. Dans l’absolu, « créolisation » ne rime ni avec « langue appauvrie », ni avec « pensée sommaire ». Là où le bât blesse, c’est lorsque la rencontre des deux langues, féconde en apparence car palliant les lacunes de l’une au moyen de l’autre (et inversement), s’avère n’être qu’un cache-misère. Dans le contexte montréalais, cela se traduit (encore une fois) par un déséquilibre dont l’anglais ressort gagnant à tous les coups, ou presque, la créolisation étant en fait le symptôme d’une anglicisation galopante, comme nous le montrent bien les études menées sur le terrain au fil des ans. Nous n’avons donc pas affaire à une langue tierce qui aurait vocation à s’inscrire dans la durée – ce qui serait tout à fait admirable – mais plutôt à un idiome de passage, principalement employé par les plus jeunes, qui débouche quasi systématiquement sur le triomphe de la langue de Shakespeare à l’âge adulte. Je parle ici de Montréal, bien entendu – tu as raison de souligner que la situation est tout autre dans le reste de la province.

Ceci dit, le français québécois est lui-même parasité par un certain nombre d’insuffisances qui sont quasi inexistantes de l’autre côté de l’Atlantique, pour des raisons tenant à l’histoire de la langue française en Amérique du Nord et à son statut minoritaire. En disant cela, je ne cherche pas à faire valoir la prétendue supériorité du français « standard » sur le français québécois – c’est là une vision réductrice et ignare, qui fait fi de la sociolinguistique la plus élémentaire –, mais je ne pense pas qu’il soit faux de soutenir que le Français lambda est plus à l’aise avec sa propre langue que le Québécois moyen. Si l’on pose comme critères de base la richesse (quantitative) du vocabulaire, la complexité des constructions syntaxiques et l’habileté à jouer avec les mots, il y a, au Québec, un écart important entre les locuteurs francophones les plus éduqués (et je ne parle pas de ceux qui se prennent pour des Français) et les autres, tandis qu’en France cette différence est moindre. En gros, le Québec me semble passablement plus inégalitaire sur le plan linguistique : il y a une élite intellectuelle qui cultive sciemment l’usage de la langue française, d’un côté, et une majorité écrasante de locuteurs qui n’y a pas pleinement accès, de l’autre. Les défaillances de notre système d’éducation y sont sans doute pour beaucoup, mais l’influence imparable de l’anglais n’est pas en reste.

Il suffit de jeter un coup d’œil aux résultats scolaires et au taux de décrochage des Québécois – sans parler du fléau de l’analphabétisme, qui est loin d’être résorbé –, puis de comparer ces données avec celles du Canada anglophone, pour s’apercevoir que le problème est bel et bien réel. C’est donc tout cela aussi qu’il faut garder à l’esprit lorsqu’on se penche sur l’état de la langue française au Québec.

Quant aux mesures qui s’imposent, je crois qu’il faudrait davantage favoriser la francisation dans les cégeps, tout particulièrement, et colmater les brèches qui permettent encore à certains parents immigrants d’envoyer leurs enfants dans des écoles privées anglophones, perçues comme étant plus utiles et plus prestigieuses lorsqu’on destine son gamin à une carrière brillante : attitude mercenaire et méprisante, qu’en tant qu’immigrant et allophone je ne peux que condamner. Le plus important, à mon sens, c’est de reconnaître qu’il y a un déséquilibre et que celui-ci s’aggrave d’année en année, tout en sachant que le bilinguisme – l’idéal, en ce qui me concerne – perd lui aussi au change.

pomenitul, Saturday, 28 November 2020 17:42 (three years ago) link

Il faudrait traduire ce texte en anglais :

https://www.lapresse.ca/actualites/2020-12-04/un-certain-privilege-anglo.php

pomenitul, Saturday, 5 December 2020 00:32 (three years ago) link

Je devrais dire que je n'ai rien entendu de cet « enjeu » de « take-out » . Même quand j'ai recherché le terme « take-out » sur Twitter, je n'ai rien trouvé. Quand je recherchais « emporter » , j'ai trouvé juste des publications comme celles-ci:

LOL I never say ‘take-out.’ I don’t know a single anglophone or allophone in Quebec who calls it ‘take-out.’ We all say, «pour emporter» so I’m not exactly sure who this message is for. Is the ‘take-out’ scourge so widespread that a campaign was warranted? Somehow I doubt that. https://t.co/vRFwSYuDEZ

— Toula Drimonis (@ToulasTake) December 2, 2020


I was thinking the same thing. I lean heavily into franglais, especially when I'm feeling lazy but I still always say "pour emporter"

— Justine Peres Smith (@redroomrantings) December 2, 2020

Alors, je dois demander si cet écrivain exagère la réponse anglophone pour faire valoir son point de vue.

Cela dit, moi, j'apprécie que cette publication m'a fait rappeler le terme correct en français! J'aime aussi les capsules linguistiques sur Radio-Canada.

actually-very-convincing (Sund4r), Saturday, 5 December 2020 02:32 (three years ago) link

Regarde un peu les autres réactions au tweet (ou « gazouillis », terme que je n'emploie, pour ma part, jamais) de the Gazette :

Stop calling it ‘take-out,’ Quebec language watchdog urges.https://t.co/ELh9oO5sfh

— Montreal Gazette (@mtlgazette) December 1, 2020

pomenitul, Saturday, 5 December 2020 02:36 (three years ago) link


You must be logged in to post. Please either login here, or if you are not registered, you may register here.