Alors, il y a quelque jours, j'ai fini de lire Le misanthrope, ma première pièce de Molière. Je l'ai bien aimé (et maintenant je sais la source du nom du groupe Alcest). Une chose que j'ai trouvé intéressante, c'était l'ambiguïté du dénouement: ni des morts tragiques, ni un mariage heureux, comme on trouve souvent dans l'œuvre de Shakespeare, par exemple.
Quelles sont vos pièces favorites?
― Feel a million filaments (Sund4r), Saturday, 30 May 2020 01:43 (four years ago) link
Cela me fait doucement rigoler lorsqu'on parle de la « langue de Molière », comme s'il y avait là une analogie, voire une symétrie avec la « langue de Shakespeare » (ou « la langue de Dante », « la langue de Goethe », etc.). J'aime bien Molière, mais il est loin d'avoir marqué sa langue maternelle de manière aussi décisive et indélébile que ses homologues étrangers. J'en ai donc toujours un peu voulu à M. Poquelin de ne pas être à la hauteur de cette réputation et je lui préfère largement son contemporain Racine. Cela dit, je ne suis déjà pas très porté sur la littérature d'Ancien Régime, à quelques rares exceptions près (Sade et Rousseau en tête), mon regard de lecteur étant trop romantique et moderne pour rendre justice au classicisme (cela vaut aussi pour la musique « classique » au sens strict du terme).
Si je ne devais retenir qu'une seule pièce de Molière, j'ai tout de même un petit faible pour Dom Juan ou le Festin de Pierre, parce qu'il s'agit d'un mythe qui m'a toujours interpellé (grâce à la lecture de Kierkegaard, tout particulièrement), et parce que Molière n'atténue aucunement les deux versants – dissonants et ambigus – de cette légende tragi-comique. C'est ce qui fait toute la modernité du Dom Juan, qui a vocation à susciter les interprétations les plus contradictoires, et c'est très précisément le type de signe avant-coureur que je recherche chez les auteurs de cette époque.
― pomenitul, Saturday, 30 May 2020 14:52 (four years ago) link