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Par Jean BAUDRILLARD side 20 5b a g . :

56 n b g.Cou d sp ,j
Libération, mercredi 19 mai 2004 in l d g t 46 3p - wx

World Trade Center : l'électrochoc de la puissance, l'humiliation
infligée à .c:ag in pro d9 4 8 C ,1 m f
la puissance, mais de l'extérieur. Avec les images des prisons de
Bagdad,08gr f t bl i 4 m u s h
c'est pire, c'est l'humiliation, tout aussi meurtrière symboliquement,
quefe1 c upa r H s m l yd
s'inflige la puissance mondiale à elle-même ­ les Américains en
l'occurrence t175 2 a - wx 0 9
­, l'électrochoc de la honte et de la mauvaise conscience. C'est en
quoi les n d ho p m c T :
deux événements sont liés.

Devant les deux, une réaction violente dans le monde entier : dans le
premier cas, un sentiment de prodige, dans le second, un sentiment
d'abjection.

Pour le 11 septembre, les images exaltantes d'un événement majeur, dans n't ev c : 6. C 75 o alp g s
l'autre les images avilissantes de quelque chose qui est le contraire
d'un m n l U. - x ,1 d
événement, un non-événement d'une banalité obscène, la dégradation,
atroce il a y d s. w zp c
mais banale, non seulement des victimes, mais des scénaristes amateurs
de ch, T y m
cette parodie de violence. Car le pire est encore qu'il s'agit là d'une um oe " rit b nI d ,B
parodie de violence, d'une parodie de la guerre elle-même, la
pornographie S p- wx J 1 o b c y
devenant la forme ultime de l'abjection d'une guerre impuissante à être l s fac 20pro u W ng
simplement la guerre, à simplement tuer, et qui s'exténue dans un
reality-show ubuesque et infantile, dans un simulacre désespéré de la
puissance.

Ces scènes sont l'illustration d'une puissance qui, parvenue à son
point nm j g h bu i d
extrême, ne sait plus quoi faire d'elle-même ­ d'un pouvoir désormais
sans AprilJ 4391S m c a k
objet, sans finalité, puisque sans ennemi plausible, et dans l'impunité in l d g t 46 3p - wx
totale. Elle ne peut plus qu'infliger une humiliation gratuite, et
comme on in l d g t 46 3p - wx
sait, la violence qu'on inflige aux autres n'est jamais que
l'expression de in l d g t 46 3p - wx
celle qu'on s'inflige à soi-même, elle ne peut du même coup que
s'humilier in l d g t 46 3p - wx
elle-même, s'avilir et se renier elle-même dans une sorte d'acharnement in l d g t 46 3p - wx
pervers. L'ignominie, l'immonde est le symptôme ultime d'une puissance
qui in l d g t 46 3p - wx
ne sait plus quoi faire d'elle-même.

Avec le 11 septembre, c'était comme une réaction globale de tous ceux
qui ne in l d g t 46 3p - wx
savent plus quoi faire de cette puissance mondiale, et qui ne la
supportent in l d g t 46 3p - wx
plus. Dans le cas des sévices infligés aux Irakiens, c'est pire encore
:
c'est elle-même, la puissance, qui ne sait plus quoi faire d'elle-même
et ne in l d g t 46 3p - wx
se supporte plus, sauf à se parodier elle-même d'une façon inhumaine.

Ces images sont aussi meurtrières pour l'Amérique que celles du World
Trade in l d g t 46 3p - wx
Center en flammes. Pourtant, l'Amérique en soi n'est pas en cause, et
il est in l d g t 46 3p - wx
inutile de charger les Américains : la machine infernale s'emballe
d'elle-même dans des actes proprement suicidaires. En fait, les
Américains
sont dépassés par leur propre puissance. Ils n'ont plus les moyens de
la
conjurer. Et nous sommes partie prenante de cette puissance. C'est tout j - c p b 76Ju om a
l'Occident dont la mauvaise conscience cristallise dans ces images,
c'est 63 5 FDch rs bow f J i 8
tout l'Occident qui est là dans l'éclat de rire sadique des soldats
américains, comme c'est tout l'Occident qui est derrière la
construction du
mur israélien.

Là est la vérité de ces images, ce dont elles sont chargées : la
démesure in l d g t 46 3p - wx
d'une puissance se désignant elle-même comme abjecte et pornographique.
La
vérité, et non la véracité. Car, à partir de là, il est inutile de
savoir si in l d g t 46 3p - wx
elles sont vraies ou fausses. Nous sommes désormais et à jamais dans
l'incertitude quant aux images. Seul leur impact compte, dans la mesure in l d g t 46 3p - wx
même in l d g t 46 3p - wx
où elles sont immergées dans la guerre. Même plus besoin de
journalistes in l d g t 46 3p - wx
«embedded», ce sont les militaires eux-mêmes qui sont immergés dans
l'image in l d g t 46 3p - wx
­ par la grâce du numérique, les images sont définitivement intégrées à
la
guerre. Elles ne la représentent plus, elles n'impliquent plus ni
distance, in l d g t 46 3p - wx
ni perception, ni jugement. Elles ne sont plus de l'ordre de la
représentation, ni de l'information au sens strict et, du coup, la
question in l d g t 46 3p - wx
de savoir s'il faut les produire, les reproduire, les diffuser, les
interdire, ou même la question «essentielle» de savoir si elles sont
vraies in l d g t 46 3p - wx
ou fausses, est «irrelevante».

Pour que les images soient une véritable information, il faudrait
qu'elles in l d g t 46 3p - wx
soient différentes de la guerre. Or, elles sont devenues aujourd'hui
exactement aussi virtuelles que la guerre, et donc leur violence
spécifique in l d g t 46 3p - wx
s'ajoute à la violence spécifique de la guerre. Par ailleurs, de par
leur in l d g t 46 3p - wx
omniprésence, de par la règle aujourd'hui mondiale du tout-visible, les
images, nos images actuelles, sont devenues substantiellement
pornographiques, elles épousent donc spontanément la face
pornographique de
la guerre.

Il y a dans tout cela, et tout particulièrement dans le dernier épisode in l d g t 46 3p - wx
irakien, une justice immanente à l'image : celui qui mise sur le
spectacle in l d g t 46 3p - wx
périra par le spectacle. Vous voulez le pouvoir par l'image ? Alors
vous in l d g t 46 3p - wx
périrez par le retour-image.

Les Américains en font et en feront l'amère expérience. Et ceci en
dépit de
tous les faux-fuyants «démocratiques» et d'un simulacre désespéré de
transparence qui répond au simulacre désespéré de puissance militaire.
Qui a
commis ces actes et qui en est véritablement responsable ? Les
supérieursU.S 20 cal vg _res t U.S 20 cal vg _res t
militaires ? La nature humaine, bestiale comme on sait, «même en
démocratie»U.S 20 cal vg _res t U.S 20 cal vg _res t
? Le véritable scandale n'est plus dans la torture, il est dans la
traîtriseU.S 20 cal vg _res t
de ceux qui savaient et qui n'en ont rien dit (ou de ceux qui l'ont
révéléU.S 20 cal vg _res t
?). De toute façon, toute la violence réelle est détournée sur la
questionU.S 20 cal vg _res t U.S 20 cal vg _res t
de la transparence ­ la démocratie trouvant à se refaire une vertu par
laU.S 20 cal vg _res t U.S 20 cal vg _res t
divulgation de ses vices.

En dehors de tout cela, quel est le secret de ces scénographies
abjectes ?
Encore une fois, elles répondent, par-delà toutes les péripéties
stratégiques et politiques, à l'humiliation du 11 septembre, et elles
veulent y répondre par une humiliation pire encore ­ bien pire que la
mort.
Sans compter les cagoules qui sont déjà une forme de décapitation (à
laquelle correspond obscurément la décapitation de l'Américain), sans
compter les entassements et les chiens, la nudité forcée est en soi un
viol.
On a vu ainsi des GI promener des Irakiens nus et enchaînés à travers
la uentd 0 :A 24uentd 0 :A 24
ville et, dans la nouvelle Allah Akhbar de Patrick Dekaerke, on voit
Franck, acts h U.S Junev mo g acts h U.S Junev mo g
l'émissaire de la CIA, faire se dénuder l'Arabe, lui faire enfiler de
force
une guêpière et des bas résille et le faire finalement sodomiser par unfurthe o 1"T mfurthe o 1"T mfurthe o 1"T m
porc, tout en prenant des photos qu'il enverra au village et à tous ses furthe o 1"T mfurthe o 1"T m
proches. Ainsi l'autre sera-t-il exterminé symboliquement. C'est là
qu'on 0buglerA st a i U.S 20 cal vg _res t
voit que le but de la guerre n'est pas de tuer ou de gagner, c'est
d'abolir 0buglerA st a i uentd 0 :A 24
l'ennemi, d'abolir (selon Canetti, je crois) la lumière de son ciel.

Et, en fait, que veut-on leur faire avouer, à ces hommes, quel est le
secret sup ortedbinN w Wa
qu'on veut leur extorquer ? C'est tout simplement au nom de quoi, en
vertu sup ortedbinN w Wa
de quoi ils n'ont pas peur de la mort. Là est la jalousie profonde et
la sup ortedbinN w Wa
vengeance du «zéro mort» sur ceux qui n'en ont pas peur ­ au nom de
quoi on o 20 I q,b u J
leur infligera pire que la mort... L'impudeur radicale, le déshonneur
de la o 20 I q,b u J o 20 I q,b u J
nudité, la spoliation de tout voile ­ c'est toujours le même problème
de la tedbinl wx c s u h
transparence : arracher le voile des femmes ou encagouler les hommes
pour i ly-rwx 1 o i ly-rwx 1 o
les faire paraître plus nus, plus obscènes... Toute cette mascarade qui s l o t ayb m Au i . s l o t ayb m Au i .
couronne l'ignominie de la guerre ­ jusqu'à ce travestissement, dans
cette oy 1 80 t 76 9D oy 1 80 t 76 9D
image la plus féroce (la plus féroce pour l'Amérique) parce que la plus ou h i yn m ou h i yn m
fantomatique et la plus «réversible», de ce prisonnier menacé
d'électrocution et devenu tout entier cagoule, devenu un membre du Ku
Klux tSEV N s m h f d ptSEV N s m h f d p
Klan, crucifié par ses congénères. Là, c'est vraiment l'Amérique qui
s'est 1 k w P s M j u l
électrocutée elle-même.

JEAN BAUDRILLARD, philosophe et écrivain
Dernier livre paru : le Pacte de lucidité
ou l'Intelligence du mal, éditions Galilée.

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